FABRICATION DU BEURRE D’ALPAGE DANS LA VALLEE D’AOSTE


Ce matin, j’ai du mal à me réveiller et quand cela m’arrive, je pense à ceux qui se sont levés bien avant moi, là-haut sur l’alpage. En un instant, la nostalgie me prend ; je me souviens de cet été passé auprès des vaches et du fromager, de la lumière bleutée du petit matin, de la fausse torpeur du temps la traite. Mais impossible de paresser car c’était déjà l’heure du beurre. Un peu de crème versée dans la baratte et, sous mes yeux ébahis, le miracle laitier chaque jour se reproduisait : d’une boule d’or empoignée par le fromager, déposée puis enserrée dans un moule en bois naissait un tendre petit rectangle orné de fleurs.

Il y a longtemps que je suis revenu à la ville mais le fromager et son fils après lui n’ont jamais quitté la montagne. Si bien que ce beurre d’alpage sur la table de mon petit déjeuner, c’est encore à eux et à leurs vaches que je le dois. Alors si ce matin j’ai du mal à me réveiller, peu m’importe car en tartinant ce doux produit de ma jeunesse sur un petit bout de pain frais, je continue de rêver.

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