Un voyage de l’autre côté du miroir
série complète de 43 photographies, accompagnées d’un poème en légende.
A journey to the other side of the mirror

Il était une fois
la dernière goutte de vie

le temps comme suspendu

au feuillage d’un rivage inconnu

à la lisière du grand mystère
à la candeur des débuts
je me suis posé
la question du paradis
de cette échelle déployée
jusqu’à la cime des possibles

je me suis perdue en pensées
et à trop réfléchir l’indicible

je me suis gravée dans la pierre
sans tête ni choix sans quête ni froid
j’ai pris la voie
d’une mer de brumes

j’ai ouvert à la peur

et je l’ai semée
dans l’entrelacs du destin

j’ai regardé si c’était haut

si le courant d’écume

qui m’irradiait toute

et puis des marches
se sont taillées dans le doute

une panthère des neiges
s’est dressée dans le sable du chemin

et m’a dit :
viens !

alors je suis entrée dans l’arbre

j’ai avancé à la rosée

à tâtons dans les plis de l’espace

jusqu’à la source de Pégase
où j’ai bu l’eau
qui plonge les yeux
à la place du cœur

et j’ai vu Oma
ma si belle grand-mère

enjamber le flot des larmes anciennes
pour me chanter sa joie d’être là

me sourire sous un saule

et je me suis évanouie
sereine

sur le seuil de marbre
grand-père Léo m’attendait

pour me souffler que la suite
se tricotait après

après le bonheur des enfants retrouvés

après le royaume des chênes habités



la matière au noir

et le blanc ruban à dérouler

jusqu’au passage
d’ici à cet endroit
d’outre-monde

à la voix de cascade


à la grâce du nuage

qui rit dans la glace

et se réchauffe à la neige

cette forêt de soleil couchant
d’élévation sans tourments

où grand-père Opa
m’a coupée du sol

pour qu’enfin je m’envole.


De l’au-delà
Il était une fois
la dernière goutte de vie
le temps comme suspendu
au feuillage d’un rivage inconnu
à la lisière du grand mystère
à la candeur des débuts
je me suis posé
la question du paradis
de cette échelle déployée
jusqu’à la cime des possibles
je me suis perdue en pensées
et à trop réfléchir l’indicible
je me suis gravée dans la pierre
sans tête ni choix sans quête ni froid
j’ai pris la voie
d’une mer de brumes
j’ai ouvert à la peur
et je l’ai semée
dans l’entrelacs du destin
j’ai regardé si c’était haut
si le courant d’écume
éclaboussait le soleil nouveau
qui m’irradiait toute
et puis des marches
se sont taillées dans le doute
une panthère des neiges
s’est dressée dans le sable du chemin
et m’a dit :
viens !
alors je suis entrée dans l’arbre
j’ai avancé à la rosée
à tâtons dans les plis de l’espace
jusqu’à la source de Pégase
où j’ai bu l’eau
qui plonge les yeux
à la place du cœur
et j’ai vu Oma
ma si belle grand-mère
enjamber le flot des larmes anciennes
pour me chanter sa joie d’être là
et j’ai vu la Douce et sa sœur
me sourire sous un saule
et je me suis évanouie
sereine
sur le seuil de marbre
grand-père Léo m’attendait
pour me souffler que la suite
se tricotait après
après le bonheur des enfants retrouvés
après le royaume des chênes habités
il y a le corbeau
la matière au noir
et le blanc ruban à dérouler
jusqu’au passage
d’ici à cet endroit
d’outre-monde
à la voix de cascade
à la grâce du nuage
qui rit dans la glace
et se réchauffe à la neige
cette forêt de soleil couchant
d’élévation sans tourments
où grand-père Opa
m’a coupée du sol
pour qu’enfin je m’envole.
Fabienne du Lac